mpa — Calcul du nombre d’histoires dans Ma Première Aventure¶
La série de livres Ma Première Aventure raconte des « histoires dont tu es le tout petit héros » : à plusieurs endroits dans le livre, il faut choisir quelle page tourner en fonction de l’histoire. Il est ainsi possible de raconter différentes histoires (et d’obtenir trois fins différentes) en fonction des choix effectués.
Dans cette page, donc calculons combien d’histoires il est possible de raconter avec un seul livre, et quelle est la probabilité de victoire.
J’ai appliqué cette méthode à Ma Première Aventure, mais on peut tout aussi bien l’appliquer à n’importe quel jeu à un joueur avec un nombre de cas limités (quelques milliers de cas), comme Cartaventura [1].
Résultats¶
Voici, pour les pressé·e·s, les résultats.
Nombres d’histoires et probabilités de victoire¶
N° |
Titre |
Nombre d’histoires |
(dont victoires) |
Probabilité de victoire |
Solutions |
---|---|---|---|---|---|
1 |
En quête du dragon (seconde édition) |
5184 |
60 |
1,08 % |
|
2 |
La Découverte de l’Atlantide (seconde édition) |
5184 |
72 |
1.39 % |
|
8 |
Sur la piste du dahu (seconde édition) |
5184 |
60 |
1,47 % |
|
9 |
2484 |
64 |
2,62 % |
||
10 |
2304 |
106 |
4,22 % |
Quelques commentaires :
Nous considérons ici que la même histoire racontée avec deux personnages différents est comptée deux fois.
La probabilité de victoire est définie comme la probabilité de gagner en faisant chacun des choix au hasard. Elle ne correspond pas toujours à la fréquence des histoires menant à la victoire. C’est normal : toutes les histoires ne sont pas équiprobables.
Deux graphes des solutions sont proposés pour l’ensemble des chemins menant à la victoire :
complet
propose tous les chemins possibles, alors que dansminimal
, seuls les choix non contraints sont présentés (par exemple, si sur trois alternatives, seule la seconde est possible car on ne possède pas l’objet nécessaire pour les deux autres, ce choix n’est pas affiché sur ce second graphe).
Probabilité de victoire avec les différents personnages¶
Ces probabilités ont été obtenues avec la commande mpa proba LIVRE --préfixe PERSONNAGE
. Par exemple, pour obtenir la probabilité de gagner avec Lina dans En quête du dragon, la commande suivante donne la réponse : mpa proba dragon --préfixe Pl
.
En quête du dragon (seconde édition)
Lina
Sachat
Timon
1,08 %
1,08 %
1,08 %
La Découverte de l’Atlantide (seconde édition)
Béhémoth
Espadon
Manta
1,39 %
1,39 %
1,39 %
Sur la piste du dahu (seconde édition)
Aïvy & Barry
Aïvy & Pérégrine
Will & Barry
Will & Pérégrine
1,17 %
1,68 %
0,99 %
1,47 %
-
Camille
Lilon
Lucien
2,78 %
2,78 %
2,31 %
Chickos
Pattie
Sam
7,92 %
1,54 %
3,19 %
Description des choix¶
Cette page sera mieux compréhensible en ayant lu l’histoire (voire en ayant le livre sous les yeux), mais essayons quand-même.
Nous prenons comme exemple ici la seconde édition de En quête du dragon, mais le principe est le même pour tous les livres de la collection.
Le premier choix à faire est celui du personnage : trois sont disponibles.
Le deuxième choix s’effectue dans le village : allons-nous visiter le moulin, la grange, ou la maison du cartographe ? Il y a derrière chacun de ces choix un nouveau choix entre deux alternatives, soit libres, soit déterminées par le personnage choisi.
Le choix précédent (trois possibilités, puis deux pour chacune des trois) est répété cinq nouvelles fois, avec parfois des contraintes (fonction du personnage, ou des objets récoltés plus tôt dans l’histoire).
À la fin, en fonction du nombre de « bobos » subis, il y a trois fins : victoire, défaite, ou entre les deux.
Nombre d’histoires : Calcul mathématique¶
Un premier calcul naïf donne donc comme nombre d’histoires : \(3\times (3\times2)^6\times3\) :
trois personnages ;
trois alternatives, puis deux alternatives selon le choix précédent (\(3\times2\)), le tout répété six fois (puissance 6) ;
trois fins possibles.
Mais ce calcul est faux, car tous les choix ne sont pas libres :
certains chemins sont contraints par le personnage ou l’objet ;
les fins sont contraintes par le nombre de « bobos ».
En ne regardant que les choix libres, le nombre de chemins possibles est donc :
trois personnages ;
trois alternatives, suivi de (globalement) quatre alternatives possibles (puisque certains choix sont contraints), le tout répété trois fois (\(4^3\)) ;
trois alternatives, suivi d’un choix contraint, le tout répété trois fois (\(3^3\)) ;
la fin est contrainte en fonction du nombre de bobos, donc aucun choix ici.
Cela donne donc \(3\times4^3\times3^3=5184\) histoires possibles.
Mais en faisant cela, nous avons fait une interprétation particulière du problème. En effet, si un même chemin peut être emprunté par deux personnages différents, devons nous compter cela comme un seul chemin, ou deux ? Le résultat précédent (5184 histoires possibles) compte comme deux chemins le même chemin emprunté par deux personnages différents.
Combien d’histoires sont possibles en comptant une seule fois plusieurs chemins empruntés par des personnages différents ? Je ne sais pas comment le faire par le calcul. Faisons le de manière informatique.
Un peu d’informatique¶
Description des livres¶
Un livre est une liste de pages
interconnectées. Voici par exemple la première page du livre. Elle contient simplement que trois choix sont possibles, sans conditions, sans effets.
pageTuVisDansUn = Page(
choix=(
Choix(code="H", cible=pageDemanderDeLAide),
Choix(code="M", cible=pageFouillerLaGrangeAbandonnée),
Choix(code="B", cible=pageVolerUneCarteChez),
)
)
Le premier choix avec conditions est celui-ci :
pageDemanderDeLAide = Page(
choix=(
Choix(
# Si la roue rouge est Sachat,
# alors tourner une page vers la page « Alors que tu quittes… »
code="1",
condition=Condition.roue(rouge="Sachat"),
cible=pageAlorsQueTuQuittes,
),
Choix(
# Si la rouge rouge n'est pas Sachat,
# alors ajoute la pierre sur la roue verte,
# et tourne deux pages vers la page « Alors que tu quittes… »
code="2",
condition=condition_non(Condition.roue(rouge="Sachat")),
effet=Effet.affecte(vert="pierre"),
cible=pageAlorsQueTuQuittes,
),
)
)
De plus, une histoire
est une seule des histoires possibles.
Commande : graphe
¶
Cette commande permet de tracer le graphe représentant les choix possibles dans l’histoire. Elle me sert à vérifier que ma représentation de l’histoire est correcte. Elle génère le graphe au format graphviz.
$ mpa graphe dragon | dot -Tpdf -o graphe-dragon.pdf
Le résultat est ce graphique
.
Commande : histoires
¶
La commande histoires
permet de compter le nombre de chemins (avec la méthode Histoire.histoires()
). Pour cela, nous itérons sur les choix, si la condition est remplie.
1 def histoires(self):
2 """Itère sur toutes les histoires possibles."""
3 if self.page.choix:
4 for histoire in self.suivantes():
5 yield from histoire.histoires()
6 else:
7 yield self
C’est la méthode Histoire.suivantes()
qui permet de ne sélectionner que les choix remplissant les conditions.
1 def suivantes(self, *, préfixe=None, condition=False):
2 """Itère l'étape suivantes des histoires
3
4 - N'effectue que les choix possibles
5 - Applique les effets
6 - Ne fait qu'un seul choix
7 (des appels récursifs à cette fonction sont nécessaires pour continuer à avancer).
8
9 :param bool condition: Si vrai, itère des tuples `(Histoire,
10 Condition)` où `Histoire` est l'histoire suivante, et `Condition`
11 est la condition qui a été vérifiée pour mener à cette histoire.
12 Sinon, n'itère que les histoires.
13 :param typing.Conditionnal[list[str]] préfixe: Éventuelle liste des
14 choix déjà faits (les autres choix sont ignorés).
15 """
16 if préfixe is None:
17 préfixe = []
18 for choix in self.page.choix:
19 if préfixe and choix.code != préfixe[0]:
20 continue
21 if choix.cible in self.passé:
22 continue
23 if choix.condition(self):
24 suivant = self.applique(choix)
25 if condition:
26 yield (suivant, choix.condition)
27 else:
28 yield suivant
À l’aide de ce programme, nous obtenons une liste de codes, correspondant chacun à une histoire.
$ mpa histoires dragon
PlB2B1B2B2B2B2B2
PlB2B1B2B2B2H1M
…
PtM2M2M2M2M2H2B1
PtM2M2M2M2M2M2B1
Par exemple PlH2B1H2B2H2B2B2
signifie :
Pl
: choisir le personnage Lina ;H2
: au premier choix, tourner la page du haut, puis faire le choix qui fait tourner deux pages ;B1
: au second choix, tourner la page du bas, puis faire le choix qui fait tourner une seule page ;H2
,B2
,H2
,B2
: etc.B2
: à la fin, tourner la page du bas (défaite) puis faire le choix qui fait tourner deux pages.
Notre programme affiche la liste brute de tous les chemins possibles, mais avec quelques commandes shell, nous pouvons répondre à quelques questions :
Combien d’histoires sont possibles (sachant que le même chemin suivi par deux personnages compte comme deux histoires) ?
$ mpa histoires dragon | wc -l 5184
Nous retrouvons le nombre calculé plus haut.
Combien d’histoires sont possibles (sachant que le même chemin suivi par deux personnages compte comme une seule histoire) ?
$ mpa histoires dragon | # Génère toutes les histoires \ > cut -c3- | # Supprime la première lettre (choix du personnage) \ > sort -u | # Trie les histoires, et ne conserve qu'un exemplaire des histoires identiques \ > wc -l # Compte le nombre d'histoires 4783
En considérant le même chemin suivi par deux personnages différent comme deux histoires :
Combien d’histoires mènent à la victoire ?
$ mpa histoires dragon | # Génère toutes les histoires \ grep H$ | # Ne conserve que celles qui se terminent par "H" (ce qui correspond à une victoire) \ wc -l # Compte le nombre d'histoires 60
Combien d’histoires mènent à une semi-victoire semi-défaite ?
$ mpa histoires dragon | # Génère toutes les histoires \ grep M$ | # Ne conserve que celles qui se terminent par "M" (ce qui correspond à une semi-victoire semi-défaite) \ wc -l # Compte le nombre d'histoires 3024
Combien d’histoires mènent à une défaite ?
$ mpa histoires dragon | # Génère toutes les histoires \ grep B[12]$ | # Ne conserve que celles qui se terminent par "B" suivi de 1 ou 2 (ce qui correspond à une défaite) \ wc -l # Compte le nombre d'histoires 2100
Bilan : Sur 5184 histoires, il y en a donc seulement 60 qui mènent à la victoire, soit à peine 1,2 % environ.
Commande : proba
¶
Puisque 1,2 % des histoires mènent à la victoire, nous pourrions être tenté d’affirmer que la probabilité de victoire en tournant les pages au hasard est de 1,2 %. Mais nous faisons ici l’erreur de croire que toutes les histoires sont équiprobables, ce qui n’est pas le cas (certaines histoires ont plus de chance d’être racontées au hasard que d’autres).
La commande proba
permet de calculer cela, à l’aide de la méthode Histoire.proba()
de la classe Page
qui calcule la probabilité d’une fin donnée. C’est une fonction récursive :
Si la fin de la page est connue (c’est la page qui annonce la victoire, ou la défaite, ce qui est déterminé en regardant l’attribut
Page.fin
), la probabilité est 0 ou 1, suivant que c’est la fin recherchée.Si la fin n’est pas connue (l’attribut
Page.fin
estNone
), la probabilité d’obtenir la fin cherchée est la moyenne des probabilités d’obtenir cette fin pour chacun des choix possibles de cette page.
Cela utilise la formule des probabilités totales, que j’enseigne à mes élèves de première.
Soient \(A_1\), \(A_2\), …, \(A_n\) des évènements non vides formant une partition d’un univers \(\Omega\), et \(B\) un évènement. Alors :
Ici, la partition est l’ensemble des choix, qui sont équiprobables (par exemple une chance sur trois d’aller en haut \(H\), au milieu \(M\), ou en bas \(B\)), et on considère l’évènement \(V=\text{« Obtenir la victoire}\). La formule devient donc :
1 def proba(self, fin: str, préfixe: typing.Optionnal(list[str]) = None):
2 """Calcule la probabilité d'obtenir la fin donnée en argument."""
3 if préfixe is None:
4 préfixe = []
5 if self.page.fin is not None:
6 # C'est une page finale
7 if self.page.fin == fin:
8 return 1
9 return 0
10 # Ce n'est pas une page finale :
11 # Calcule la moyenne des probabilités de de victoire pour chacun des choix.
12 try:
13 return statistics.mean(
14 histoire.proba(fin, préfixe=préfixe[1:] if préfixe else None)
15 for histoire in self.suivantes(préfixe=préfixe)
16 )
17 except statistics.StatisticsError:
18 # Aucune histoire avec ce préfixe
19 return 0
Nous obtenons alors les probabilités suivantes.
$ mpa proba dragon
Probabilité de bof : 0.5648148148148149
Probabilité de défaite : 0.4243827160493827
Probabilité de victoire : 0.010802469135802469
Et comme on pouvait s’en douter, la probabilité de victoire (1,08 %) n’est pas égale à la proportions d’histoires victorieuses (1,16 %).
Commande : victoires
¶
Une fois le livre représenté comme un graphe (dans les parties précédentes), il devient relativement aisé de représenter toutes les histoires victorieuses possibles. Le résultat est du code \(\LaTeX\) qui, une fois compilé, donne le dessin suivant (en PDF
).
Légende :
L, S, T : Choix des personnages (Lina, Sachat, Timon).
H, M, B : Morceau de page à tourner (Haut, Milieu, Bas).
1, 2 : Tourner une ou deux pages.
Ce graphique
a été obtenu avec :
$ mpa victoires dragon | pdflatex
Remarquons que ce code \(\LaTeX\) est ensuite modifié à la main pour obtenir la version publié par l’éditeur sur les réseaux sociaux.
Commande : fins
¶
Cette commande liste simplement toutes les fins possibles. Ce n’est pas la commande la plus utile, mais j’en ai eu besoin.
1 def fins(self):
2 """Renvoie sur toutes les fins possibles"""
3 if self.page.fin is not None:
4 return {self.page.fin}
5 # Itère sur les fins des (potentielles) histoires suivantes, en ignorant les conditions
6 return set.union(
7 *(
8 self.applique(choix).fins()
9 for choix in self.page.choix
10 if choix.cible not in self.passé
11 )
12 )
$ mpa fins dragon
bof
défaite
victoire
Notes de bas de page